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Histoire des classifications des maladies

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Classifier, c’est réduire les dimensions pour mieux appréhender un phénomène et révéler des relations entre les concepts. Carl von Linnée (1707 - 1778) a classifié les espèces animales et végétales selon des critères de ressemblances les plus visibles. L'évolution darwienne attendra encore quelques décennies.

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Jusqu’au début du XXème pratiquement chaque institution avait sa propre classification des maladies mentales et somatiques. Les diagnostics pouvaient changer selon la ville ou le pays où se rendait le patient: par exemple, « dérangement utérin », « habitudes dissolues », « excitation politique », ou encore « mauvais whisky »...

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A la suite de Pinel (1745-1826), les aliénistes français avaient commencé à établir une nosographie des troubles mentaux depuis la Révolution française. On distinguait alors les idiots, qui n'étaient pas éducables ni traitables, et les imbéciles, pour lesquels il fallait adapter l'éducation. Les causes des troubles mentaux étaient limitées à l'alcool, la syphilis tertiaire (avec atteinte neurologique).​

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Jacques Bertillon (1851-1922) publie en 1893 une classification des causes des décès qui sera à l'origine de la Classification Internationale des Maladies. C'est la raison pour laquelle la première édition de la CIM de l'Organisation Mondiale de la Santé porte le numéro 6 (1948). Le 5ème livre de la CIM décrit les troubles mentaux dont les codes commencent donc tous par la cinquième lettre de l'alphabet, "F".

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En 1917, le DSM-1, première classification des maladies mentales, passe totalement inaperçue.

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En 1968, le DSM-II propose une classification exclusivement basée sur les travaux de Sigmund Freud.

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En 1980, le DSM-III est le résultat de la lutte entre les pro-freudiens et les pro-kraepliniens. Le Trouble du Déficit de l’Attention avec/sans Hyperativité (TDA/H) y remplace la Réaction hyperkinétique de l'enfance ou de l'adolescence.

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En 1987, le DSM-III-R propose le Trouble Déficit de l'Attention avec Hyperactivité (TDAH) avec 14 critères classés par ordre de gravité décroissante. La limite pour le diagnostic est fixé à 8 critères. Exit la distinction entre les symptômes d'inattention, d'hyperactivité et d'impulsivité du DSM-III.

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En 1996, le DSM-IV propose le Trouble Déficit de l'Attention avec Hyperactivité (TDAH) avec trois sous-types selon que les symptômes d'inattention sont les plus nombreux et/ou les symptômes d'hyperactivité-impulsivitié. Le TDAH n'est plus un trouble du comportement mais un "trouble diagnostiqués dans la première enfance, la deuxième enfance ou l'adolescence".

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En 2013, le DSM-5 affirme que le TDAH peut persister à l'âge adulte et crée la famille des Troubles du neurodéveloppement (TND) en écartant certains diagnostics de la famille des "trouble diagnostiqués dans la première enfance, la deuxième enfance ou l'adolescence", comme l'angoisse de séparation ou le pica.

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En 2018, la CIM-11 a convergé vers le DSM-5 et propose, avec quelques légères différences, un diagnostic de TDAH.

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Le diagnostic du TDAH aujourd'hui (voir aussi)

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Le Trouble Déficit de l'Attention/Hyperactivité (TDAH) est défini par un ensemble de critères cliniques qui doivent:

  • être présents depuis l'enfance (avant 7 ans pour les patients mineurs et avant 12 ans pour les patients majeurs)

  • avoir un retentissement significatif dans plusieurs domaines depuis au moins six mois au moment de l'évaluation.

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La présence d'un critère clinique est jugée par rapport aux niveau de développement des autres individus du même âge et du même sexe. Ainsi, il est acceptable qu'un enfant de deux ou trois ans puisse courir partout et de ne pas s'arrêter immédiatement lorsqu'on l'appelle, mais pas pour un enfant plus âgé, un adolescent ou un adulte.

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Les critères cliniques sont sensiblement les mêmes pour les enfants et les adultes; seule leur formulation et les exemples à titre d'illustration changent.

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Conséquence: le diagnostic de TDAH est uniquement clinique, reposant sur un interrogatoire des parents et/ou de l'enfant, ou de l'adulte et/ou de son conjoint. Si certains tests psychologiques peuvent donner des informations complémentaires, ils ne permettent en aucun cas de faire ou de récuser le diagnostic!

 

Les critères sont regroupés en trois domaines: inattention, agitation motrice (hyperactivité) et impulsivité. Les études montrent qu'il n'y a d'avantage majeur à distinguer hyperactivité et impulsivité, avec les critères actuels bien évidemment.

 

Conséquence directe: parler d'enfants hyperactifs est réducteur voire erroné!

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Les critères cliniques pour le diagnostic du TDAH sont au nombre de 20:

  • 9 critères pour évaluer l'inattention

  • 9 critères pour évaluer l'hyperactivité et l'impulsivité

  • 1 critère pour dater l'âge de début

  • 1 critère pour évaluer le retentissement dans différents environnements

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Le DSM-5 recommande une limite à 6 items sur 9 d'inattention et/ou d'hyperactivité chez l'enfant et l'adolescent. L'âge de début est fixé de manière assez arbitraire à 7 ans quand la CIM-10 disait avant l'âge de 5 ans. Chez l'adulte, il faut chercher à démontrer la présence d'un TDAH dans l'enfance qui persiste jusqu'au jour de l'évaluation. Cela peut être très compliqué. C'est la raison pour laquelle le DSM-5 recommande un diagnostic actuel et au moins 3 critères d'inattention et/ou d'hyperactivité observés avant l'âge de 12 ans et à l'origine d'une gêne fonctionnelle significative. La trajectoire évolutive du patient adulte peut aussi étayer l'hypothèse d'un TDAH persistant.

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