top of page

Les troubles associés ou troubles DYS

Troubles dys.Vincent Damato
Troubles de l'attention.jpg

Le TOP: Pas TOP

Trouble Opposition avec Provocation

Avant toute chose, toute description, tout conseil, il est important de rappeler qu'un enfant dys n'est jamais identique à un autre enfant dys. En effet, les capacités intellectuelles, la personnalité, le milieu socio culturel, le milieu familial, les réadaptations et rééducations,… font que deux enfants, même s'ils ont des dys identiques, ne seront jamais identiques. Tout ce qui sera décrit ici ne correspondra probablement pas, mot pour mot, à votre enfant. Il s'agit ici d'apporter des exemples, des profils, des méthodes.

C'est à vous, parents, de prendre ce qui vous semblera utile dans ce site pour votre information et pour votre enfant.

 

 

L'un des questionnements auquel vous serez confronté au départ sera de savoir : " quelle dys impacte quel acte ? " ;

parce que, chez les dys, il est autorisé de cumuler et il est rare, très rare, extrêmement rare voire impossible, de ne pas cumuler plusieurs dys et/ou TDAH. Sans compter que la précocité est également fréquemment de la partie.

 

Or, la frontière entre les différentes dys est bien mince et l'on trouve fréquemment des difficultés communes à plusieurs dys; par exemple, les tables de multiplications qui sont difficiles pour les dyslexiques et tout aussi difficiles pour les dyscalculiques, mais pas pour les mêmes raisons.

 

En fait, peu importe la dys responsable, il faut plutôt utiliser notre énergie à trouver des contournements et des solutions pour aider l'enfant à réussir.

 

Et donc, chercher " quelle dys pour quel acte ? " devient quasi impossible et surtout sans intérêt.

 

 

De la même façon, à un moment donné, vous allez peut-être vous demander lequel des deux parents est responsable de la transmission des dys à votre enfant.

 

Pour toutes les dys, l'origine est actuellement à l'état d'hypothèses génétiques ou d’anomalies structurelles cérébrales, non décelables. On sait que ces troubles ne sont pas congénitaux et ne surviennent pas après la naissance car dans ce cas, on parlera d'aphasie, d'apraxie, d'alexie, etc…  Il est aussi à noter que les grands prématurés sont fréquemment touchés par la dyspraxie, par exemple.

 

Voilà donc une question qui n'a pas vraiment d'intérêt car, de toute façon, ce qui est important, c'est d'aider votre enfant, en pratique et au concret, tous les jours.

 

Il est dys, tant mieux ! Parce que cela veut aussi dire qu'il dispose d'une hypersensibilité et d'un fonctionnement, même s'il n'est pas celui attendu par l'école, qui est performant mais autrement. Il vaut mieux voir comment celui des parents (voire les deux) qui est dys, a mis à profit cette dys pour réussir sa vie d'adulte.

 

Restez positif, le parcours qui vous attend ne sera pas facile.

 

 

En raison de ces dys, les outils de l'enfant pour apprendre sont touchés. Ce sont bien des troubles des apprentissages. Mais pas seulement, parce qu'une fois que votre enfant aura appris, il aura également des difficultés à restituer ce qu'il a appris. Voilà qui est bien injuste parce qu'il aura travaillé, appris avec difficulté et qu'il n'arrivera pas à restituer comme c'est attendu pour un enfant de son âge, à l'école.

 

Vous ne comprendrez pas, la maîtresse pensera qu'il n'a pas travaillé à la maison, et pourtant…

 

Faites-vous une raison, la majorité des dys est peu visible. Votre enfant est pertinent, il est donc difficile d'imaginer, d'accepter qu'il ne puisse pas restituer ce qu'il aurait appris.

 

 

 

Nous allons tenter de relever le défi de tenter une description d'un profil commun.

 

 

Et d'abord, n'est pas dys qui veut (contrairement à ce que vous entendrez trop souvent).

 

En effet, pour être dys, il faut:  

  • présenter les troubles (et que ces troubles soient attestés par des bilans),

  • avoir une intelligence normale ou supérieure (un enfant déficient intellectuel autre des difficultés à la lecture mais il n'est pas dyslexique, il est déficient intellectuel)

  • et ne pas présenter d'autre handicap (un enfant autiste aura des troubles praxiques mais il n'est pas dyspraxique, il est autiste).

Les garçons sont trois fois plus touchés que les filles. 

 

Cette exigence n'est pas faite dans le but d'évacuer les autres handicaps mais bien pour préciser les choses car il ne s'agit pas ici de galvauder les dys mais bien au contraire de respecter la définition des dys. On fera une exception pour les TDAH, tant ils sont cumulards de dys…

 

L'une des particularités de ces dys, vous le verrez, est que plus vous creusez, et plus cela paraît complexe. Aussi, un dyslexique, par exemple, n'est pas simplement un enfant qui inverse les syllabes, bien au contraire.

 

Et donc, nous partirons du pré requis que chacun des enfants décrit à une intelligence normale ou supérieure, validée par un test de QI. Et nous vous encourageons donc à faire pratiquer un WISC4 par un neuro psychologue. Le neuropsychologue n'est pas un médecin, c'est un psychologue spécialisé. Il pourra "creuser" lors du bilan pour mieux définir les points forts et les points faibles de votre enfant. Son bilan est précieux pour la suite.

 

 

Attention, toutes les informations que vous trouverez au fil des pages, ne permettent pas de poser un diagnostic.

Être DYS et/ou TDAH est un diagnostic pluridisciplinaire posé par le neuropédiatre ou pedopsychiatre après consultation de l'enfant et analyse de ses différents bilans.

 

 

 

Quelles sont les conséquences sur le comportement ?

 

 

L’enfant, l’adolescent, doit se forger une image de ce qu’il est, doit se situer dans le monde, prendre ses repères, devenir lui-même. Dès lors, la difficulté d’acquérir les moyens humains de communication, le “cerveau différent” dont parle le Dr Habib, constituent une particularité qu’il n’est, certes pas toujours facile d’assumer mais qui révèle aussi des dons et des qualités peu exploitées chez la majorité des enfants.

 

Un enfant “dys” amplifiera donc souvent les difficultés de vivre inhérentes à son âge, mais aussi toutes les qualités qui lui sont propres. Dès lors, l’aider à grandir, c’est connaître les problèmes qu’il éprouve et reconnaître les qualités qu’il développe plus que d’autres.

 

 

Agressivité ou repli sur soi

 

Cela résulte d’une révolte, face à l’incompréhension mais aussi d’un besoin d’être reconnu, remarqué ou bien, au contraire, d’un besoin de se cacher, de se faire oublier car l’enfant est toujours exposé aux sarcasmes et aux réprimandes.

 

 

Problèmes relationnels vis-à-vis de ses camarades

 

Il se sent différent et cela fausse la relation avec les autres (fratrie, camarades de classes). Cela peut entraîner un désir de repli vers la solitude ou au contraire un besoin excessif d’être avec les autres, même à son détriment pour se faire accepter.

 

  

Fatigue et manque de constance dans l’effort

 

Trop souvent en situation de « double tâche », il fournit trop d’efforts et subit un stress par rapport aux exigences scolaires qui l’abattent ou lui font baisser les bras. La lenteur dans l’exécution des exercices doit impérativement être respectée au risque de lui faire sauter des étapes importantes. Il en va de même pour la rêverie nécessaire face à la fatigue engendrée par les efforts de contournement constants.

 

  

Manque de confiance en soi, dévalorisation de soi

 

Toujours confronté à l’échec, il se sent bête, nul et tous ceux qui l’entourent lui semblent tous plus intelligents que lui.

 

  

Symptômes psychosomatiques

 

Dès qu’il se trouve face à une situation de stress (devoirs, contrôles), c’est à dire dès qu’il va se trouver confronté à ses difficultés, surviennent des contractures pouvant entraîner des maux de ventre, des migraines, des tics...

 

 

Dépression pouvant aller jusqu’à la phobie scolaire et/ou jusqu’au suicide

 

Toujours et depuis toujours confronté à l’échec, il peut sombrer dans un état dépressif, ne se sentant plus capable de bien faire et ce dans quelque domaine que ce soit. Il n’a alors plus conscience de ses réelles capacités, fortement inhibées par cette dépression. Mais il y a aussi des comportements stigmatisés par les enseignants et les parents et qui sont plutôt des symptômes mal interprétés.

 

  

Paresse

 

Elle n’existe pas. L’attitude de l’enfant traduit en fait une grande fatigue, un grand découragement ou bien encore de l’ennui. Fatigue face à l’effort qu’il doit fournir pour tenter d’y arriver. Découragement lorsqu’il voit que ses efforts ne sont pas toujours récompensés, car il connaît les “règles” mais ne peut pas les appliquer, ni les automatiser, d’autant plus que ses résultats passant souvent par l’écrit ne reflètent pas son réel niveau intellectuel et scolaire.

 

  

Manque de concentration et troubles de l’attention

 

Occasionnels, ils apparaissent comme une “soupape de sécurité”. Permanents, ils révèlent un état “dys” très grave. Pathologique pour les TDA avec ou sans H.

 

 

Trouble de la mémorisation et de l’apprentissage

 

On croit qu’il oublie tout, bien que sa mémoire soit extraordinaire. C’est que les automatismes de mémorisation attachés au langage fonctionnent aussi différemment chez lui. Pour apprendre à apprendre, il lui faut ouvrir ses propres voies, car il apprend différemment.

 

  

Indiscipline ou hyperactivité

 

Il a besoin de se défouler car il est toujours assujetti au stress, aux pressions intellectuelles et physiques. Devant ses difficultés à gérer son tonus musculaire et nerveux, l’indiscipline et I’hyperactivité traduisent ses tensions vis à vis de l’école.

 

Tous ces symptômes peuvent se regrouper en trois grands comportements qui interfèrent selon les moments :

  • soit excitation classant ces sujets dans les hyperactif

  • soit repli sur soi par création d’une énorme barrière de protection pouvant aller jusqu’à l’autisme

  • soit impassibilité extérieure où l’enfant devient transparent: il entend sans écouter, il voit sans voir, il se déconnecte pour retrouver son souffle.

 

 Après cette liste qui pourrait sembler décourageante et qui révèle en fait beaucoup de souffrance, il ne faut pas oublier que l'enfant DYS et/ou TDAH, doté de son “cerveau extraordinaire”, est aussi capable d’exprimer des qualités pouvant l’amener à la réussite à condition qu’il ne soit pas complètement inhibé, ce qui est malheureusement trop souvent le cas.

 

 

De fortes qualités, parmi d’autres...

 

Malgré l’apparition de tous ces symptômes “dys”, l’enfant conserve les caractéristiques de son cerveau hyper sensoriel, particulièrement apte à percevoir les choses dans l’espace, “en trois dimensions” en quelque sorte.

 

Il a une très grande sensibilité ce qui va de pair avec sa propre souffrance, beaucoup d’intuition car il a appris à anticiper le désir de l’autre pour ne pas le décevoir. Il est doncattentif à autrui, serviable. il est curieux car son intelligence a besoin d’être nourrie ce qui l’amène à être inventif, constructif. Il est charmeur ne pouvant se faire aimer des “lettres”, il trouve le moyen de toucher les gens au cœur, Il a une grande capacité dans la maîtrise de soi. Il a un grand sens des responsabilités.

 

Et surtout, comme toute personne souffrant d’un handicap, il conserve le pouvoir de développer de formidables dons à condition de ne pas rencontrer d’obstacles incontournables.

 

  

Pour les enseignants, comment aider un enfant dyslexique à l’école ?

 

 

Tous les enseignants devraient connaître les différentes DYS et le TDAH et y penser lorsqu’ils ont un enfant capable de faire des observations pertinentes mais qui par ailleurs a des difficultés d’apprentissage.

 

Pour le bien des enfants, il serait urgent que cessent les éventuelles rivalités entre thérapeutes et pédagogues. Les enfants ont besoin des deux et à chacun son métier.

 

L’enseignant a un rôle important à jouer: en acceptant l’enfant tel qu’il est, il facilitera une rééducation plus rapide ; en comprenant qu’il ne peut pas, dans le cadre de la classe, résoudre le problème de l’enfant DYS (il n’en a ni le temps, ni les moyens), il pourra s’intéresser aux progrès des rééducations. Il peut aider par le choix des supports et la bien traitance de l’enfant. Une attitude compréhensive et positive peut permettre de soulager l’angoisse de l’enfant à l’école. Celui-ci sera dans de meilleures conditions pour bien profiter des cours et pour y participer.

 

Lorsqu’il lui semble reconnaître un enfant DYS et/ou TDAH, il est utile et préférable de proposer à la famille de se mettre en rapport avec une association, de prévenir le médecin scolaire, qui, l’un comme l’autre, alerteront la famille et qui expliqueront à celle-ci les enjeux du dépistage et de la rééducation.

 

Lorsqu’on lui signale un enfant DYS et/ou TDAH, il risque d’avoir soit un enfant rebelle, soit un enfant totalement effacé, muet ou déroutant. Dans l’un et l’autre cas, ce sera un enfant qui souffre, qui a une mauvaise image de lui-même et qui pourtant ne demande qu’une chose, améliorer ses résultats scolaires.

 

Cet enfant n’est pas paresseux, il n’est pas rêveur, il n’est pas étourdi et surtout il n’est pas idiot. C’est un enfant intelligent, qui apprend beaucoup en classe, d’où l’importance de veiller à ce qu’il soit à une place calme, d’où il puisse bien entendre, mais surtout pas une place isolée.

 

Il est très fatigable, donc si au bout d’un certain temps il paraît “dans la lune”, c’est qu’il a “décroché”: la soupape de sécurité a fonctionné, inutile de le rappeler à l’ordre, simplement le recentrer gentiment et si cela ne suffit pas, lâcher. Car cette rêverie doit être respectée, elle est nécessaire. Le temps d’attention augmentera petit à petit dans un climat de confiance. Plus l’enfant est détendu, plus il sera à même d’intégrer des connaissances.

 

Pour créer ce climat propice aux progrès, il faut éviter de mettre l’enfant en difficulté. En effet, dans la vie d'adulte, on s'appuie sur ses points forts. Il en va de même à l'école et ce sont les rééducations qui s'occuperont des points faibles. Ne pas oublier aussi que les camarades se moquent facilement.

 

Pour en enfant dyslexique, par exemple, il est préférable de ne jamais le faire lire à haute voix, à moins qu’il ne le demande. L’idéal serait que pendant que les autres élèves font la lecture, il lise de son côté quelques lignes en lecture muette (pourquoi pas mettre un casque ?). Une question orale suffirait pour se rendre compte du résultat. Les dictées ne sont pas efficaces pour lui, il est préférable de l’inciter à écrire spontanément, afin qu’il prenne l’habitude d’exprimer ses idées. Là aussi peu de lignes. Vérifier seulement si les mots même mal écrits sont à leur bonne place dans la phrase.

 

Quelles que soient les DYS et TDAH, lorsqu’il doit faire des exercices en classe ou à la maison, mieux vaut lui en donner moins, mais les plus difficiles. Utiliser tous les moyens TICE (ordinateur, logiciel, calculette) pour permettre à l’enfant d’exprimer son potentiel sans être barré par leurs particularités de DYS et TDAH, et ce, dans toutes les matières. Plus tard, ils s’exprimeront avec plus d’aisance grâce à l’ordinateur. Dans le même ordre d’idée, ils doivent apprendre le plus tôt possible à se servir d’une machine à calculer pour libérer leurs facultés de raisonnement.

 

Ces enfants ayant énormément de mal à acquérir les automatismes, il ne faut pas être étonné s’ils mettent plus de temps à répondre à une question. Pour les dyslexiques, par exemple, pour les tables de multiplication, ils calculent ! Ils n'arrivent pas à ingérer toutes les tables et moins encore à s'en servir. Il est déjà assez difficile de comprendre l'énoncé et de trouver quels chiffres pour quelles opérations. Le résultat, lui, se fera aisément avec une calculette. Par contre, il faut les aider à devenir performant pour l'utilisation de la calculette. Plus tard, sur le téléphone ou sur l'ordi, la calculette sera toujours présente. Pour d’autres matières, ils doivent passer par le stade de la réflexion, même pour les choses les plus simples.

C’est assez surprenant mais si on leur laisse le temps, la réponse est le plus souvent juste.

 

Lorsqu’ils sont très angoissés, ils veulent aller vite comme leurs camarades et ils répondent n’importe quoi. C’est ainsi qu’ils se font gronder pour n’avoir pas écouté. En fait ils n’ont pas pris le temps de contrôler leur réponse. A ces enfants il faut demander de retenir leur première réponse ou leur dire de bien respirer avant de répondre.

 

Tout ce qui est répétitif n’est pas efficace pour l’enfant DYS et/ou TDAH, il est préférable de lui donner des exercices variés.

 

Recopier est totalement contre-indiqué et la simple copie se révèle très difficile et inutile. 

 

Pour le bien de l’enfant, il est bon que l’enseignant soit en rapport avec l’orthophoniste, l’ergothérapeute, le psychologue, etc…, qui pourront indiquer où en sont les rééducations, mais qui pourront aussi avoir besoin de l’observation de l’enseignant en classe. En effet, la relation entre les rééducateurs et l’enfant n’est pas du même ordre que celle de l’enseignant.

 

D’autre part, l’enfant est seul en rééducation et se comporte donc différemment lorsqu’il est avec des camarades. La collaboration est précieuse.  

 

Enfin l’enseignant a un rôle non négligeable auprès des parents. Il peut les aider à faire acquérir à leur enfant, des méthodes de travail qui lui sont adaptées, travail avec des fiches, avec un surligneur, etc. En effet, la lecture de quelques mots suffi à faire remonter les informations qu’il a déjà enregistrées pendant les cours. Le travail est moins fatigant, plus rapide et surtout plus productif à long terme.

 

Il faut savoir que ces enfants demandent beaucoup de temps, de disponibilité et qu’il n’est pas simple d’organiser leur suivi, Il faut qu’ils aillent tout à la fois chez l’orthophoniste, chez le psychologue, le psychomotricien, etc… et aussi qu’ils aient une activité extrascolaire valorisante. Il faut prévoir une partie des rééducations dans le temps scolaire et lui préparer le travail fait en classe pendant ces rééducations. Il ne peut être question de lui faire rattraper, il ne faut pas oublier qu'en rééducation, il travaille. Cette rééducation est strictement indispensable pour que l’enfant ait un accès plus facile à l’écrit. Nous sommes en retard, en France, dans la prise en charge des DYS.

 

Enfin, les enfants qui ont des parents “porteurs”, pourront franchir les obstacles de la scolarité. Mais les enfants dont les parents n’ont pas les compétences et la possibilité de faire face, sont malheureusement le plus souvent exclus du système scolaire. C’est une profonde injustice que l’on pourrait éviter, ne serait-ce qu’en appliquant ces quelques suggestions inspirées par la pratique et le bon sens.

 Dyslexie & Dysothographie

Dyslexie et dysorthographie.jpg

La dysorthographie découle de la dyslexie, l’une ne va pas sans l’autre et forment ainsi la difficulté au langage écrit. Un mauvais lecteur sera un mauvais transcripteur, d’autant plus que la transcription est moins facile que la lecture. C’est la raison pour laquelle ces deux troubles sont traités dans un seul et même chapitre.

Une définition :

La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture, qui se caractérise par une diminution significative des performances en lecture, en orthographe, par rapport à la norme d’âge. Ces difficultés sont durables et ne sont pas un simple retard d’acquisitions. Les mécanismes fondamentaux du langage écrit sont atteints dans leur structure même, souvent à la fois dans l’expression et dans la compréhension.

Il s’agit d’un trouble durable du langage écrit affectant la lecture, l’orthographe mais aussi l’écriture.

On parle de dyslexie pour les troubles de la lecture et de dysorthographie pour les troubles de l’orthographe.

Ces troubles se distinguent d’un simple retard d’acquisition, d’un retard mental, d’un problème auditif, d’un problème visuel, d’un problème affectif, d’un problème d’élocution, du bilinguisme. Parce que ces troubles neurologiques sont durables et persistent dans le temps, ils relèvent du handicap.

ATTENTION: Être lecteur, c'est lire avec fluidité et comprendre ce que l'on lit.

Rappel:

La dyslexie est une difficulté d'apprentissage de l'orthographe et de la lecture. 50% des enfants dyslexiques seront également dysgraphiques. Ce trouble concerne entre 8 et 10 % des enfants et, en grande majorité, des garçons (trois fois plus que les filles).

La dyslexie n'a pas d'origine psychiatrique et n'est pas causée par une déficience intellectuelle. Elle pourrait être d'origine génétique. Les enfants grands prématurés sont concernés par les DYS (Dyslexie, dyspraxie).

Quelques repères des difficultés, parmi les plus connus :

I/ dans le déchiffrage:

 

Les erreurs perceptives

  • confusions auditives (f/v; ch/j; p/b; c/g; a/an; u/ou)

Les consonnes constrictives (s, ch, j, z, f, v) sont remplacées par les consonnes occlusives (t, k, p, d,g)Les consonnes sonores (b, d, g, v, j, s) sont remplacées par les consonnes sourdes (p, t, k, f, ch, s)

  • confusions visuelles (p/q/d/b; m/n ; f/t; ale)

  • inversions de lettres et/ou de syllabes  (tri/tir ; pile/pli)

  • omissions (bar/ba ; arbre/arbe ; propre/prop)

  • adjonctions (y aller/y allyer) (paquet/parquet), (odeur/ordeur), (poltron/polteron),(escapade/cascapade)

  • contaminations (dorure/rorure ; âne/ané) (palier/papier)

Les erreurs dues à des difficultés de mémorisation de certains mécanismes de lecture

  • mauvais découpage des syllabes (menace/men-ace)

  • confusions sur la double valeur de c et g (ca, co, ce, ci...)

  • confusions ss/s (poisson/poison)

Les erreurs linguistiques

  • omissions, additions ou substitutions de mots lexicaux ou grammaticaux (une/la; travaillant/traversant)

  • erreurs de liaison (trop inférieur/trozinférieur)

  • lecture lente, hésitante, saccadée, ignorance de la ponctuation

 

II/  dans la compréhension :

Sur le plan de la compréhension, le dyslexique ne saisit qu’un sens partiel, ou pas de sens du tout, de ce qu’il a déchiffré; le message du texte lui échappe totalement ou partiellement. On comprend mieux pourquoi il n’aime pas lire…

L’enfant dyslexique peut avoir des difficultés à comprendre le sens du message écrit et rejette souvent les matières ou activités qui font appel à l’écrit.

 

Les signes d’alerte de la dyslexie


Lorsqu'il lit, il se plaint de vertige, de mal de tête ou de mal de ventre, se tortille sur sa chaise. Il est désorienté par les lettres, les chiffres, les mots, les séquences ou les explications orales. En lecture comme en écriture, il fait des répétitions, des substitutions, des omissions, des additions, des transpositions et des inversions de lettres, de chiffres et/ou de mots. Il peut se plaindre de ressentir ou de voir des mouvements non existants. Il donne l'impression d'avoir des problèmes de vision non confirmés par un bilan ophtalmologique et un bilan d’orthoptie est impératif car les troubles visuo spatiaux sont récurrents. Lecture et relecture n’apportent pas la compréhension. Lire (déchiffrer) ou comprendre, il doit choisir….

Même avec de nombreuses séances d’orthophonie, la fluidité de la lecture ne sera pas acquise.

Et donc, n’ayant pas de lexique, son orthographe est  phonétique, incohérente et variable.

Ce qui est difficilement compréhensible pour les parents (mais pas seulement pour les parents) est que, par exemple, l’enfant peut écrire 5 fois de suite un mot juste et le faire faux la sixième fois, et faux aussi dès que le contexte autour du mot change, ex : mot : fleur, et la fleure rose. Il apprend sa leçon le soir et la connaît et le lendemain n’arrivera pas à la retranscrire lors du contrôle.


Les signes d’alerte les plus courants de la dysorthographie :

  • une dyslexie

  • une lenteur d’exécution, des hésitations et une pauvreté des productions

  • des difficultés à recopier un texte

  • des difficultés à conjuguer et à faire l'accord correctement dans le groupe nominal et le groupe verbal

  • à organiser des phrases syntaxiquement correctes

  • fautes d’orthographe résistantes d’usage ( chevaux/cheveaux ; pommier/pomier)

  • erreurs perceptives du même type que celles du dyslexique

  • erreurs linguistiques

  • erreurs de découpage anarchique des mots (larmoire ; m’est égal/métégale) avec des mots collé (« unabit » pour « un habit »)

  • disparition ou transformation de certains sons (« fagile » pour « fragile ») ou syllabes (« vragile »)

  • erreurs sur les formes verbales, fautes de conjugaison

  • erreurs d’analyse grammaticale, erreurs de genre

  • des erreurs de copie (des mots)

  • des économies de syllabes (semblable/semble)

  • des omissions (bébé/bb, liberté/librt)

Ces difficultés entraînent notamment une écriture lente, irrégulière et maladroite. Les rédactions sont anormalement pauvres.

La Dyspraxie ou syndrome de l'enfant Maladroit

La dyspraxie entraîne une incapacité totale ou partielle à automatiser et planifier les gestes,volontaires et intentionnels, sans pour autant que la personne ne présente de trouble moteurs ou de déficit intellectuel. (A différencier de la marche, par exemple, qui est un geste inné.) 

La dyspraxie peut être, et/ou :

  • constructive ou visuo constructive : difficultés à assembler (legos, cubes, bricolage,

  • puzzles…)

  • visuo-spatiale : difficultés à descendre des escaliers, se repérer dans un lieu, dans un texte, sur une feuille, sur un plan  (trouble dans l'organisation du geste + trouble du regard)

  • idéatoire : difficultés à utiliser et manipuler des objets et des outils (stylo, compas, couteau,...)

  • idéomotrice : difficultés à mimer, imiter des gestes

  • oro-faciale : difficultés à articuler, parler, siffler, souffler les bougies, déglutir…​​

Parce que faire fonctionner les yeux relève aussi d’un geste, des troubles oculomoteurs sont à rechercher : difficultés à fixer un objet ou à le suivre des yeux, préhension de l’espace, etc… . 

Confrontés au système scolaire et à l’écriture, les enfants sont de plus en plus souvent dépistés. Ils pourraient l’être bien avant cependant si les enseignants étaient formés, car dès les exercices de motricité en maternelle, leur gaucherie est visible et devrait alerter. 

Les indications suivantes sont données à titre d’exemple, elles peuvent être plus ou moins importantes et plus ou moins nombreuses, d’un enfant à l’autre. 

Au niveau de la coordination globale :

  • l'enfant court de façon désordonnée, nʼarrive pas à coordonner les bras et jambes quand il nage, a parfois du mal à marcher surtout en terrain accidenté (forêt, montagne, sable…)

  • il lui arrive très souvent de se cogner, de se prendre les pieds dans nombres dʼobstacles, de trébucher et tomber plus que de coutume

  • il descend les escaliers avec difficulté, doit se tenir pour ne pas tomber en avant et ne semble pas voir les marches (nʼévalue pas leur hauteur, leur régularité)

  • d'un point à un autre, il se déplace en ligne droite, par le chemin le plus court et tant pis pour ce qui se trouve sur le parcours 

Peuvent se rencontrer également des problèmes de tonus musculaire en trop ou pas assez :

trop de force utilisée pour fermer une porte, pas assez de force pour « tenir son corps » : posture mal adaptée à la situation (« avachi » sur son siège). 

Sur le plan sportif, lʼenfant ajuste mal les gestes nécessaires pour envoyer ou attraper un ballon, il ne pourra « shooter » de façon adéquate. 

On peut trouver également des problèmes dʼéquilibre qui ne faciliteront pas, par exemple, l'apprentissage de la natation : sous l'eau, du vélo : les stabilisateurs ne seront abandonnés que très tard. 

Au niveau de lʼorganisation du regard :

Il a du mal à utiliser ses yeux pour explorer, balayer, fixer, saisir efficacement lʼinformation visuelle : il sera gêné pour se repérer sur une feuille et sʼorganiser dans lʼespace de cette feuille, copier au tableau, trouver un objet... il pourra avoir des difficultés pour lire un texte dense écrit en petits caractères, se repérer dans un tableau à double entrée, poser une opération... Ce sont des problèmes neuro-visuels ou des troubles occulo-moteurs qui ne sont pas forcément repérables par les ophtalmologues car lʼacuité visuelle nʼest pas en cause. 

Au niveau de la bouche (sphère bucco-phonatoire) :

  • La sensibilité de la sphère orale peut être atteinte : lʼenfant a du mal à mâcher, mastiquer, déglutir, cracher.

  • Il peut avoir des difficultés pour siffler, souffler une bougie, faire des bulles, manger des fruits à noyaux (et séparer la chair du noyau). 

  • Il est souvent sale autour de la bouche ou sur le tee shirt après le repas. 

Dans les cas plus importants, il peut avoir un rapport particulier à la nourriture, il peut avoir des réactions nauséeuses à la vue de certains aliments ou en sentant certaines textures (hypersensibilité au goût). Lʼensemble de ces difficultés sʼestompera avec le temps chez une majorité dʼenfants. 

Au niveau du langage oral :

Dans le cas d’une dyspraxie oro faciale, l’enfant aura des difficultés d'élocution. La dyspraxie oro faciale est un trouble relié à la prononciation, et non à la compréhension, à l’apprentissage du vocabulaire ou à la construction des phrases. Plus précisément, l’enfant qui a une dyspraxie oro faciale a des difficultés importantes à planifier les mouvements nécessaires pour parler.

L’enfant atteint de dyspraxie ne sait pas toujours comment placer sa bouche pour parler ou faire d’autres gestes oraux tels que contrôler sa salive, souffler, mastiquer, boire ou se moucher.

Pour l’enfant dyspraxique, il est difficile d’apprendre à parler, car PARLER exige la coordination de beaucoup de MOUVEMENTS : des lèvres, de la langue, des joues, des cordes vocales, de la respiration. Plus les mots sont longs, plus il y a de mouvements à faire et plus c’est difficile pour l’enfant. La dyspraxie oro faciale est d’origine neurologique et n’est pas due à un manque de stimulation. 

Au niveau de la concentration :

L’enfant est mono tâche (une seule chose à la fois) et cela vaut aussi pour la concentration.  

Parce qu’en difficulté de discrimination auditive (il entend tout), il peut sembler ne pas écouter, il est facilement distrait et peut avoir du mal à se concentrer en classe. 

La nécessaire concentration pour tous les gestes augmente la fatigue et donne l’impression qu’il manque d’attention et qu’il est rêveur.

Il peut oublier facilement les instructions et consignes parce qu’il gère difficilement deux informations en même temps ; il vous faut répéter voire reformuler si les informations sont complexes et longues. Il fera une chose à la fois, une consigne à la fois.

Il répond souvent de façon impulsive, pour faire plaisir. Cette impulsivité dans les réponses est souvent source dʼerreurs, alors quʼil répondra correctement sʼil observe un temps de réflexion.

Mais aussi, en difficulté d’abstraction, il va répondre au sens littéral de la question, sans en percevoir son sens implicite. La formulation de la question est donc essentielle.

Ces troubles sont aggravés par une hypersensibilité aux bruits ambiants, ce qui accentue encore la fatigue et lʼénervement.

Néanmoins, il est nécessaire de faire une recherche sur les troubles attentionnels isolés ou associés à de lʼhyperactivité en raison de la fréquence d’associations des divers troubles des apprentissages. 

Au niveau du repérage dans le temps :

L'enfant peut rencontrer des difficultés à mémoriser la suite des jours de la semaine, se repérer dans la succession des activités de la journée, connaître les dates (jour/veille/lendemain), la suite des saisons ou sa date anniversaire. Il est préférable d’utiliser un agenda à  la place d’un cahier de texte. 

Au niveau social et relationnel :

Socialement, il arrive que certains enfants dyspraxiques puissent avoir des attitudes inhabituelles, parfois étonnantes voire dérangeantes. 

Concentré sur une tâche, il ne peut sʼempêcher de faire des mouvements parasites, par exemple ( il ouvre la bouche, grimace, tire la langue, tripote un objet, bouge les jambes…) ce qui est parfois perçu comme « bizarre », « dérangeant » ou « énervant ». Il sʼagit en fait de mouvements involontaires, donc peu contrôlables, quʼil est vain dʼessayer de « réprimer ». Il peut tomber de sa chaise.

Plus fréquemment, il « se met dans vos jambes », se tient trop près. Il dose mal ses mouvements. 

De la même façon, il serre trop fort quand il embrasse les gens ou bien ne présente pas sa joue car il évalue mal les distances.  

Il nʼinteragit pas en fonction de lʼautre au niveau de lʼoccupation de lʼespace. 

Dans les situations de communication en particulier dans un groupe, il doit gérer trop dʼactions simultanément pour être à l’aise.  

Par rapport à ces difficultés motrices, il lui est difficile d’écouter, de regarder les autres, de décoder le langage non verbal (expression du visage, timbre de la voix), de supporter lʼagitation et le bruit, de respecter les distances entre les personnes. Et plus encore lorsque ces actions sont simultanées. Cela lui demande tant dʼefforts que, fatigué, il peut éprouver le besoin de se mettre en retrait (il sʼisole parfois lors des récréations, lors dʼune fête). 

Il peut avoir aussi des difficultés à structurer son discours et il lui est plus facile de répondre à des questions précises. Il peut parler trop fort ou sʼexprimer avec beaucoup dʼenthousiasme : certains battent des bras quand ils sont excités. Il est en difficulté pour gérer ses émotions. 

Lorsqu’il s’exprime, il peut aussi toucher quelquefois son interlocuteur, ce qui est souvent mal toléré. 

L'enfant dyspraxique peut être gêné par un dysfonctionnement de son système sensoriel : il perçoit trop ou pas assez certaines informations sensorielles. Une information visuelle non stable pousse à se fier davantage au toucher. Les enfants souffrant en particulier de dyspraxie visuo-spatiale nʼappréhendent pas lʼenvironnement de manière ordinaire. 

Il semble regarder ailleurs quand on lui parle, il fournit un réel effort pour maintenir son regard. Ce regard fuyant nʼest ni de lʼimpolitesse, ni de lʼinattention, mais une conséquence de ses problèmes visuels et de la nécessaire concentration au discours qu’il doit faire. Certains reconnaissent mal les visages et les expressions (peu la colère, la joie, l’interrogation,…) de ces visages. Ce qui a fait penser trop longtemps à des troubles autistiques alors que l’enfant dyspraxique est réellement dans l’échange. 

Il apparaît nonchalant (difficulté à la posture), il bâille lorsque vous lui parlez, il a du mal à soutenir son attention. Rappelez-vous quʼil est très fatigable : ce comportement nʼest pas forcément lʼexpression dʼun désintérêt. 

Lʼenfant peut avoir des difficultés à réaliser des gestes simples comme se moucher, sʼessuyer après être allé aux toilettes, fermer leur braguette et le bouton de leur pantalon. Au-delà dʼun certain âge, ce manque dʼautonomie est mal toléré et mal compris socialement.

Pour se protéger, certains enfants peuvent éviter ou refuser obstinément les situations nouvelles, les changements dʼhabitudes, les lieux pas encore explorés. On les pense alors craintifs, immatures, incapables de sʼadapter, alors que ce comportement leur est dicté par une certaine impuissance à décoder leur environnement aussi vite et bien que les autres. Dʼautres, au contraire, se précipitent trop rapidement au-devant de situations où leur comportement sera incompris.  

Les efforts dʼadaptation dus à la dyspraxie entraînent une grande fatigue, qui nʼest pas toujours perçue par lʼentourage. Celui-ci ne réalise pas non plus que lʼenfant cherche à éviter les situations coûteuses en énergie.

Tous ces phénomènes rendent difficile à lʼenfant lʼappréhension dʼune juste distance sociale et la bonne évaluation des codes sociaux. 

Dyspraxie.Vincent Damato

Dyscalculie

Dyscalculie.Vincent Damato

 La dyscalculie est un trouble du langage écrit et fait partie des troubles des apprentissages.

 

La dyscalculie se définit comme un dysfonctionnement des activités de construction des structures de la pensée. L’enfant présente des troubles du raisonnement logicomathématique.

 

 

Ce trouble dans les apprentissages numériques apparaît spécifiquement chez les enfants, et ne s'accompagne toutefois d'aucune déficience mentale. Il n'a aucune origine connue, puisqu'il se retrouve chez des enfants ayant par ailleurs des résultats scolaires normaux et dont l'environnement familial et social est normal. La dyscalculie concerne aussi bien les filles que les garçons. En France, on estime qu'environ 4 % des enfants sont concernés (dont 20 % de dyslexiques).

 

Les difficultés en lecture ou en orthographe peuvent être accompagnées de difficultés en calcul, mais cette association n’est pas systématique.

 

Bon à savoir : la dyscalculie est à distinguer de l'acalculie qui est consécutive à un traumatisme ayant entraîné une lésion cérébrale. La dyscalculie pourrait davantage être liée à un trouble de la mémoire à court terme. C'est un trouble co-morbide dans la très grande majorité des cas de la dyslexie, dyspraxie, dysphasie ou encore du TDAH, avec une forte préférence pour la dyspraxie qui engendre des difficultés d'abstraction.

Dysphasie

Dysphasie.Vincent Damato

Définition:

La dysphasie est un trouble structurel, primaire et durable de l'apprentissage et du développement du langage oral.

Cette pathologie, trop peu connue, est assez fréquente, puisque l'on considère qu'elle touche sous une forme ou une autre 2% de la population soit plus d'un million de personnes en France.  

Elle se retrouve sur des enfants :

  • sans histoire médicale particulière,

  • ni déficit sensoriel même si l'enfant présente d'apparentes difficultés,

  • ni déficit intellectuel. L'enfant dysphasique peut ne pas trouver ses mots d'une manière dramatique, mais être parfaitement capable de résoudre une opération ou de résoudre des problèmes. Cet enfant est normalement intelligent mais présente un déficit circonscrit au domaine langagier,

  • ni trouble du comportement même si les enfants dysphasiques peuvent paraître agités peu attentifs, instables, agressifs…preuve d'un réel mal-être relationnel à une situation d'échec qui s'installe.

  • ni trouble de la relation. Les enfants dysphasiques cherchent le plus souvent à communiquer par tous les moyens à leur disposition, à l'inverse des enfants autistes par exemple. ​

La dysphasie peut être plus ou moins sévère et se présenter sous des formes diverses : paroles indistinctes, troubles de la syntaxe, expressions par mots isolés, discours plus ou moins construit, manque du mot, compréhension partielle du langage oral… Parce que ne pas pouvoir être compris est très énervant et très décourageant, ces enfants se replient sur eux-mêmes ou secouent le camarade qui ne comprend pas. C'est ainsi qu'ils ont été rangés très longtemps à tort dans le rang des autistes.

Le langage de la personne dysphasique présente non pas des retards mais des caractères déviants et instables dans le temps. 

Les difficultés observées dans les dysphasies

Elles portent sur des aspects complexes :

  • la réception c’est-à-dire de la compréhension du langage,

  • et/ou la programmation des sons de la langue puis de leur production,

  • et/ou la disponibilité des mots ou encore sur leur agencement syntaxique au sein de la phrase,

  • il ne parvient pas à expliquer des choses simples (troubles de l’informativité),

  • il produit des choses spontanément mais il ne sait plus les répéter ou les dire quand on les lui demande (dissociation automatico-volontaire). 

Ces enfants parlent mal, parlent tard, ont durablement, des difficultés d'expression orale. Ces domaines du langage peuvent être déficitaires ou préservés indépendamment les uns des autres. C'est pourquoi les enfants doivent faire l'objet d'un diagnostic précis permettant de poser les indications thérapeutiques. 

D'autre part, le langage écrit est souvent d'acquisition problématique. Et donc, parce que le langage est l'outil privilégié de la transmission du savoir à l'école, les troubles ont un retentissement constant sur les apprentissages scolaires classiques. 

Dans d'autres domaines pourtant, ils se développent bien, même si, fréquemment, les difficultés langagières s'accompagnent d'un retard psychomoteur ou/et graphique.

Ils organisent un langage qui peut suffire dans la vie quotidienne mais conservent, le plus souvent, des difficultés de langage.

Le langage est fait de morceaux, d'approximations, de segments traités sans souplesse comme des agglomérats, des blocs figés. 

Les différentes classifications de la dysphasie

  • La classification de l'OMS - CIM 10
    "Troubles spécifiques du développement du langage et de la parole"

  • La classification du DSM IV
    "Déficiences du langage et de la parole"

  • La classification Misès
    "Troubles des fonctions instrumentales"

  • La réforme du guide barème (décret du 4.11.93)
    "Les déficiences du langage et de la parole"

  • Nomenclature des déficiences - BO-EN A 1260 N°8 du 23.02.89
    "Déficience de l'apprentissage du langage écrit ou parlé" ​

Les différents types de dysphasie 

1/ La dysphasie de type phonologique-syntaxique :

  • une hypospontanéité.

  • un trouble phonologique. Mots inintelligibles. Ces troubles se différencient de ceux des "retards simples" de la parole. En effet, ces derniers sont plutôt caractérisés par des simplifications, alors que les déformations faites par les enfants dysphasiques tendent vers des complexifications (leurs énoncés se complexifient).

  • parfois une dissociation automatico-volontaire. Lorsque, par exemple, la formulation d'un son est incorrecte en situation dirigée, mais est correcte en spontanée.

  • des troubles praxiques oro-faciaux. Ils sont caractérisés par des difficultés à produire des sons verbaux, mais aussi à produire des gestes et leurs enchaînements. A ne pas confondre avec la dyspraxie oro faciale.

  • un trouble de l'encodage syntaxique. Il réside dans la difficulté à associer des mots alors qu'ils ont une bonne conscience de la syntaxe. Ces enfants sont très souvent "agrammatiques" (style télégraphique).

  • un vocabulaire restreint mais accessible. Il est lié à la sous-utilisation du langage et à leur difficulté conceptuelle.

  • une compréhension peu perturbée. Elle ne doit pas être négligée. En effet, ces enfants ont pris l'habitude de comprendre beaucoup par le contexte. Leur niveau de compréhension est lié à la restriction de leur vocabulaire, un problème de mémoire verbale immédiate, des difficultés conceptuelles.

  • une bonne "pragmatique" du langage. Le langage est informatif. Ce qu'ils disent à minima n'est pas déviant. Ils pallient par la mimique gestuelle ou faciale. ​

Signes d'alerte :

Ils restent souvent inintelligibles jusqu'à l'âge d'au moins 7/8 ans. Ils ont des difficultés avec l'implicite. Ils utilisent un mot pour un autre (par association d'idée, par exemple). Ils ont aussi du mal avec l'humour qu'ils ne saisissent pas. Les difficultés de compréhension et de préhension du monde qui les entoure interrogent les parents. En situation scolaire, ils butent sur la compréhension de texte, même une fois oralisé, qui semble pourtant simple. Ils rencontrent souvent des difficultés massives sur le plan scolaire qui persistent dans le temps. Leur expression écrite reste limitée. A l'âge adulte, l'articulation est marquée, la syntaxe est simple, les difficultés orthographiques persistent. Il ne faudra pas perdre de vue leurs difficultés à comprendre le langage élaboré (les publicités, les jeux de mots, les titres de journaux, les notions abstraites). 

 

2/ La dysphasie de type production phonologique : difficultés essentiellement expressives.

  • Pas de réduction. Après stimulation, ce sont des enfants qui parlent normalement.

  • Défaut d'intelligibilité.

  • Troubles praxiques oro-faciaux variables. Les difficultés se situent au niveau de l'enchaînement des gestes.

  • Troubles de l'encodage syntaxique. Les productions sont de type dyssyntaxique.

  • Manque du mot. Il se manifeste par des conduites d'approche ou des "évitements" de situation de communication verbale.

  • Bonne compréhension verbale.

  • Le langage est informatif.

  • Trouble de la concaténation. Ce sont des difficultés au niveau des enchaînements des tâches séquentielles.

  • Troubles associés. ils peuvent rencontrer des difficultés graphiques et des troubles visuo-constructifs. 

Ces enfants ont une grande conscience de leur trouble. La communication orale et écrite s'améliore sur le plan verbal (la phonologie est meilleure, mais la difficulté à trouver leur mot persiste ; ils ont moins de difficultés dans les notions abstraites) et sur le plan écrit, on note une dysorthographie plus ou moins importante. 

 

3/ La dysphasie réceptive : difficultés principalement au niveau du décodage.

  • Trouble phonologique. Petits, ils sont inintelligibles. Ils ont du mal à différencier certains sons : ils n'ont pas d'image auditive claire et précise.

  • Trouble de l'expression syntaxique. Leur langage devient dyssyntaxique en situation dirigée.

  • Manque du mot. Ces enfants ont du mal à trouver leur mot aussi bien en situation dirigée qu'en spontanée.

  • Trouble important de la compréhension.

  • Leur langage est peu informatif. Leur discours est incohérent et redondant. 

Au fil des années, ils vont utiliser des compensations. Le déficit au niveau du vocabulaire persiste. Ces sujets sont rivés au concret. Le langage écrit reste longtemps non-fonctionnel. 

 

4/ La dysphasie lexicale-syntaxique (ou mnésique) :

  • Pas d'hypospontanéité.

  • Pas de trouble phonologique.

  • Pas de troubles oro-faciaux.

  • Manque du mot. Ces enfants sont en permanence à la recherche de leurs mots et de la structure de leurs phrases.

  • Trouble de l'expression. Informativité et syntaxe sont perturbés.

  • Trouble de la compréhension. Il est dépendant de la longueur des énoncés. 

Ces enfants apprennent à lire mais restent gênés par leur problème de mémorisation et par leurs difficultés à trouver leurs mots.

 

5/ La dysphasie sémantique-pragmatique :  en situation dirigée

  • Un choix de vocabulaire adéquat.

  • Un trouble de compréhension.

  • Un trouble de l'informativité. 

Le discours restera marqué par l'utilisation de formes plaquées. 

 

Selon les différentes classifications, il existe plusieurs types de dysphasies, mais on retient surtout deux grands groupes : Les dysphasies expressives et les dysphasies réceptives:

 1/ Les dysphasies expressives

Les dysphasies expressives sont les  plus fréquentes, elles touchent les composants de l’expression de façon variable :

- la mise en sons des mots: l’enfant omet ou transforme, de façon classique ou inhabituelle, les sons composant un mot, ce qui rend sa parole inintelligible, exemple : «!feu bipui!» pour «je veux un biscuit!».

- la  recherche du mot en mémoire ou la production du mot même si celui-ci appartient à son vocabulaire, exemple  : recherche le mot fourchette, ne le trouvant pas, il dit « couteau », ou, n’arrivant pas à produire le mot, il dit « frouchette »

- l’utilisation à bon escient des mots

- l’organisation des mots en phrases : l’enfant n’utilise pas les mots grammaticaux, les conjugaisons, il n’a pas acquis les notions de genre et de nombre, l’ordre des mots n’est pas respecté. De ce fait, il produit des phrases courtes et de style télégraphique, exemple : « il joue moi poupée » pour « elle joue à la poupée avec moi ».

Dans tous ces cas, l’enfant comprend mieux qu’il ne s’exprime, et il cherche à établir la communication par tous les moyens possibles (gestes, regards, attitudes, mimiques, dessins...). Cependant sa compréhension n’est pas parfaite.

 

2/ Les dysphasies réceptives

Les dysphasies réceptives sont plus difficiles à diagnostiquer et aussi plus graves.

Elles touchent la compréhension de l’enfant qui ne parvient ni à segmenter la chaîne parlée ni à lui attribuer un sens. Il possède un langage social suffisant pour se faire comprendre mais défaillant pour la subtilité notamment pour les choses abstraites: sens figuré, difficulté à manier les concepts à l’oral et à l’écrit.

Des difficultés expressives sont souvent présentes mais jugées secondaires par rapport aux troubles de la compréhension.

Cependant, sa compréhension non verbale (situation, gestes, logique...) est satisfaisante.

Ce sera un enfant qui prélèvera le maximum d’indices visuels, qui communiquera beaucoup par le regardet les gestes, qui aura tendance à utiliser le mime, à copier sur son voisin..

Pour en savoir plus sur les troubles Dys et les aménagements scolaires rdv sur l'onglet MDPH.

bottom of page